DISCOURS DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE

MONSIEUR FRANCOIS HOLLANDE A TOULOUSE LE ER NOVEMBRE


Monsieur le Premier ministre,
Monsieur le ministre,
Monsieur le maire,
Monsieur le Grand rabbin,
Mesdames, messieurs,

Il y a sept mois et dix jours, ici, devant cette école, un terroriste dont la barbarie armait la lâcheté, tuait Jonathan SANDLER, 30 ans, ses deux enfants Arieh et Gabriel ainsi que Myriam MONSONEGO, la fille du directeur, et blessait grièvement un adolescent de 17 ans Aaron BIJAOUI.

C’était le 19 mars 2012 et toute la France était saisie d’effroi. J’étais venu, à Toulouse, ce jour-là, exprimer ma compassion. Je revois ces visages bouleversés de ces parents brisés par le chagrin. J’entends encore les cris et les pleurs. Je me souviens de la dignité, du courage mais aussi de l’inquiétude de tous ceux qui s’étaient rassemblés ici même. Je ne les oublierai jamais.

Aujourd’hui, c’est comme chef de l’Etat que je reviens, dans les mêmes lieux, cette école, votre école, pour évoquer la mémoire de ces victimes et partager la peine de leurs familles avec le Premier Ministre d’Israël.

Ces enfants de France reposent aujourd’hui à Jérusalem. Nos deux pays, nos deux peuples, sont réunis autour de leur souvenir.

Monsieur le Premier Ministre, vous représentez un pays créé, au lendemain de la Shoah, pour servir de refuge aux juifs.
C’est pourquoi chaque fois qu’un juif est pris pour cible parce que juif, Israël est concerné. C’est le sens de votre présence. Je la comprends, je la salue.

Aussi, je veux rappeler devant vous, la détermination de la République Française à combattre l’antisémitisme.

Il sera pourfendu dans toutes ses manifestations, les mots comme les actes.

Il sera pourchassé partout, y compris derrière toutes les causes qui lui servent de prétextes ou de masques.

Il sera poursuivi par tous les moyens partout où il se diffuse, en particulier sur les réseaux sociaux qui accordent l’anonymat à la haine.

Les juifs de France doivent savoir que la République met tout en œuvre pour les protéger. La garantie de leur sécurité, est une cause nationale ; elle n’est pas l’affaire des juifs mais celle des Français dans leur ensemble. Cette garantie devra en priorité être celle des écoles, car aucun enfant ne doit avoir peur en allant étudier, aucun parent ne doit craindre de laisser ses enfants partir en classe.

Contre le terrorisme mon pays est sans faiblesse.

Son honneur, c’est de conduire ce combat sans jamais renoncer à ses principes.

Le drame de Toulouse a révélé certaines failles dans l’organisation de notre renseignement. Un rapport a été établi à la demande du ministre de l’intérieur pour faire la lumière sur ce qui s’est passé. Je m’engage une nouvelle fois devant vous aujourd’hui : toute la vérité sera faite. Nous la devons aux familles et aux Français. Nous devons tirer toutes les leçons de cette tragédie et briser le plus tôt possible les engrenages terroristes.

C’est pourquoi, notre gouvernement vient de déposer un projet de loi qui étend les moyens d’action dont nous disposons, dans le respect du droit. Nous serons intraitables avec ceux dont il aura été établi qu’ils ont séjourné dans des zones perméables à l’influence des pires idéologies de la haine. Tous nos services sont mobilisés pour intervenir.

Mais notre force, c’est notre unité.

C’est dans l’unité, au-delà de leurs différences, et nous étions en campagne électorale, que les Français s’étaient retrouvés pour pleurer ces enfants, pour dire leur solidarité aux survivants et aux familles. Toutes les religions s’étaient rassemblées pour affirmer les mêmes principes, les mêmes condamnations, les mêmes exigences.

C’est dans l’unité que nous luttons contre le terrorisme et que nous refusons les amalgames. L’islamisme radical n’est pas l’Islam.

Tous les Français, quelles que soient leurs origines, leurs croyances, leurs religions doivent être respectés et protégés.
C’est la liberté de conscience que garantit la laïcité qui fonde notre République.

Et le terrorisme concerne tous les Français, car l’homme qui a assassiné des juifs dans cette école, avait délibérément tiré quelques jours auparavant, sur trois soldats.

Je veux associer leur nom à ceux des martyrs de Toulouse : Imad IBN-ZIATEN, Abel CHENNOUF, Mohamed LEGOUAD. Trois hommes qui avaient choisi de servir la patrie et qui sont tombés parce qu’ils portaient l’uniforme de notre armée.

Monsieur le Premier Ministre, nous sommes ici côte à côte car nos deux peuples sont solidaires dans ce drame.

Nous sommes ici ensemble car nous voulons avec cette cérémonie rendre hommage aux victimes, à toutes les victimes de l’antisémitisme, du racisme et du terrorisme.

Nous sommes réunis dans cette école pour dire que la vie est plus forte que tout, qu’elle ne cède devant aucune menace, aucune épreuve, aucune tragédie. Les parents ici présents en font la démonstration. Tous sont restés après le drame.

Et en ce 1er novembre, jour où les Français ont une pensée pour leurs défunts, l’école Ohr Torah représente un symbole, celui de la souffrance inconsolable mais aussi le symbole de l’espérance inaltérable. La France s’en montrera digne.


DISCOURS DU PREMIER MINISTRE DE L'ETAT D'ISRAEL

MONSIEUR BIBI NETANYAHU A TOULOUSE LE 1ER NOVEMBRE 2012

« La vengeance pour le sang d’un petit enfant, Satan lui-même ne l’a pas élaboré », écrit notre poète national Chaim Nachman Bialik, à la suite du progrom de Kishinev en 1903.

40 ans plus tard, sur le sol européen, les nazis ont massacré un million et demi d’enfants juifs. Et en 2012, ici, à Toulouse, un meurtrier, alimentée par la haine même brûlante, a massacré trois petits enfants juifs – 8 ans Miriam Monsonego, 6 ans Sandler Arieh, son petit frère, 3 ans, Gabriel Sandler, et Jonathan leur père.

S’il le pouvait, il aurait assassiné chaque enfant juif qu’il rencontra, tout comme les nazis.

Cependant, il y a deux différences importantes entre les massacres commis dans le passé contre le peuple juif et le crime odieux qui a été commis ici.

La première différence est que, durant la période sombre du nazisme et des pogroms qui l’ont précédé, la majorité des gouvernements européens n’a rien fait pour lutter contre l’antisémitisme meurtrier, et certains ont même coopéré avec.

Aujourd’hui, mon ami, le président de la France, François Hollande, se tient ici, parlant fermement contre l’antisémitisme et luttant résolument pour l’éliminer.

Mon ami, votre présence ici aujourd’hui témoigne de l’esprit de la Résistance, de l’esprit d’opposition au mal et de la tyrannie – ce même esprit défendu par les principaux dirigeants en France de Jean Moulin au Président de la France d’aujourd’hui.

Monsieur le Président, comme votre prédécesseur, vous avez dit hier que ceux qui attaquent les Juifs de France, attaquent la nation française toute entière, et c’est précisément ce que l’histoire a montré.

L’histoire nous enseigne que le fléau de l’antisémitisme peut commencer par les attaques contre les Juifs, mais se propage rapidement plus loin avec d’autres attaques.

Ceux qui n’ont aucun respect pour les droits de l’homme des Juifs, foulent brutalement aux pieds les droits fondamentaux d’autrui.

Et si vous ne parvenez pas à éteindre la flamme de l’antisémitisme quand elle démarre, cela devient un grand feu qui consume tout ce qui se trouve sur son chemin.

Ce n’est pas par hasard que le meurtrier a tué à Toulouse, non seulement les Juifs, mais aussi des soldats français, sans discrimination – des chrétiens et des musulmans. La haine de ces assassins barbares menace non seulement les Juifs, mais la civilisation tout entière.

Ceux qui cherchent la raison de cette haine ne comprennent pas que pour ces meurtriers, la haine trouvera toujours des raisons.

Cependant, il existe aujourd’hui un leader en France qui comprend un principe de base:

Rien ne justifie l’antisémitisme et le racisme.

Rien ne justifie l’assassinat d’enfants.

Rien ne justifie la terreur.

Et rien ne justifie le ciblage de la communauté juive française – fier, de la communauté enracinée, qui, depuis Rachi il y a 1.000 ans, a grandement contribué à la fois le peuple juif et au peuple français.

Et il y a autre chose qui a changé depuis les terribles crimes qui ont été commis contre notre peuple pendant le siècle dernier.

Aujourd’hui, le peuple juif a un Etat!

Aujourd’hui, le peuple juif a une armée!

Et aujourd’hui, après 2.000 ans, le peuple juif a le pouvoir de se défendre et de défendre son pays contre ceux qui cherchent à nous rayer de notre terre. C’est ce que nous avons aujourd’hui!

La Haggadah de Pessah est ainsi écrite: «à chaque génération, ils se lèvent contre nous pour nous détruire, et le Saint béni soit-Il, nous sauve de leurs mains ».

La même chose est vraie dans notre génération.

Les assassins terroristes, comme le meurtrier de Toulouse, cherchent à briser notre esprit et à détruire notre peuple.

Mais il ne nous ne cassera pas. Parce que nous tenons sur les épaules de 200 générations de Juifs.

Je suis arrivé de Jérusalem, la capitale éternelle du peuple d’Israël, pour dire – au visage de tous ceux qui haïssent Israël – trois mots clairs: Am Israël Chai!

Disons-le tout ensemble à haute voix, afin que nos voix soient entendues partout où la terreur a frappé notre peuple. A Toulouse, Burgas, Mumbai et Buenos-Aires, à Ma’alot, au Dolphinarium de Tel-Aviv et dans la maison de la famille Fogel à Itamar: Am Israël Haï (Le peuple d’Israël est vivant!).

(Puis le premier ministre se met à chanter, avec l’assistance, la petite chanson populaire « Am Israël Haï »…)